Par cette contribution à la concertation réglementaire, je souhaite apporter un certain nombre d’observations et remarques d’importance sur le projet de requalification du site Heppner.
Je m’interroge tout d’abord sur le flou et le manque d’information à la disposition du public dans le cadre de cette concertation. En effet, cette procédure est menée sans que le projet, ses contours, ses objectifs, et son ampleur ne soient communiqués. Combien de logements sont envisagés ? Combien d’habitants supplémentaire cela représenterait dans le quartier ? Quelle hauteur pour les constructions et selon combien d’étages ?
En matière d’intégration du projet aussi, nous ne disposons d’aucun élément qui nous permette de nous prononcer de manière sincère et éclairée dans cette procédure de concertation réglementaire. Quelles sont les voies d’accès envisagées ? Combien de places de stationnement et selon quelles modalités d’accès ? Quelle proportion d’espaces verts et selon quelle configuration ? Quelle adaptation des services publics, notamment éducatifs ?
Tous ces éléments, inconnus et non-diffusés dans le cadre de cette concertation, sont pourtant indispensables à la bonne compréhension du projet et donc nécessaires pour que le public puisse s’exprimer en connaissance de cause et à partir d’éléments factuels.
Je souhaite également mettre en lumière le risque que fait porter ce projet sur l’équilibre global du quartier. En effet, le secteur du Schlutfeld est déjà très dense, mais il est bien construit et agencé avec des immeubles de faible hauteur (3/4 étages). Cette harmonie permet de donner à ce quartier toute son authenticité et d’y préserver un cadre de vie agréable. Y construire sur ce même site des immeubles de très grande hauteur porterait atteinte à cet équilibre et contribuerait à défigurer le quartier. Personne ne refuse l’urbanisation du secteur mais chacun la souhaite modérée et harmonieuse.
Par ailleurs, il est question dans cette concertation d’une modification de PLUi. Or, nous ne disposons là aussi d’aucune précision sur les modifications envisagées, le zonage, les hauteurs de constructions envisagées, etc. Par ailleurs, aucun schéma directeur ni plan ne permet de se projeter. Seuls des grands principes sont évoqués mais ils conduisent, a fortiori, à des interprétations.
Je demande ainsi à la collectivité de se porter garante de l’intérêt général, de celui du quartier et de ses habitants. La modification à venir du PLUi ne peut se faire qu’avec cette ligne directrice et cet objectif. J’en appelle solennellement à ce que la collectivité ne renonce pas à ses prérogatives de puissance publique. Cette modification du PLUi doit se faire en lien avec les habitants, leurs besoins et leur connaissance du secteur. Elle ne doit pas tout permettre. La collectivité doit conserver son outil de pression et cadrage aussi longtemps que nécessaire pour préserver le quartier et le cadre de vie de ses habitants.
Pour que ce projet réussisse, il se doit d’être mesuré et en continuité avec l’harmonie et l’âme du quartier préexistant. Ce projet doit être absorbable en matière de flux et fréquentation supplémentaire. Il est nécessaire qu’il soit adapté aux possibilités d’absorption des services publics de proximité. Enfin, il est indispensable que la collectivité n’organise pas son impuissance et demeure le tiers de confiance pour que l’intérêt privé n’écrase pas l’intérêt public comme cela a pu être le cas au 92 avenue du Rhin par exemple.
Pierre JAKUBOWICZ,
Conseiller municipal de Strasbourg
Co-Président du groupe Centristes et Progressistes